Rencontre avec Jean Laporte, passionné de la châtaigne

© OTGF / L. Berton

Jean Laporte, passionné de la châtaigne nous a accueilli chez lui, à Sabadel-Latronquière pour vous parler de ce qui l’anime et dont il nous confie ici quelques mots.

« Je n’ai pas d’âge moi ! Je suis né en 1951, ça fait 72 ans, mais dans ma tête j’en ai 25 ! Même si j’ai l’impression que je vieillis de 10 ans tous les ans… » Cigarette toujours au coin des lèvres, Jean Laporte nous invite dans sa maison familiale au lieu-dit Petignoux à Sabadel-Latronquière, sur le plateau du Ségala, au cœur de la châtaigneraie avec tous ses arbres en fleurs. Il est né dans cette ferme comme ses quatre sœurs. Élu depuis 1977 et maire de sa commune depuis 1985, agriculteur et passionné de la châtaigne, Jean fait partie d’Entratz, cette proposition avec des habitants du Grand-Figeac, de la vallée du Lot et de la Diège qui vous font découvrir leur territoire au travers de visites insolites. Entratz a été initié par Derrière Le Hublot en partenariat avec l’Office de tourisme du Grand-Figeac en 2014 pour proposer des rencontres culturelles menées par des personnes engagées dans une démarche d’hospitalité en dehors des sentiers battus. Toutes et tous s’adressent à celles et ceux qui vivent là, autant qu’aux gens de passage. Jean a rejoint le projet en 2023 pour partager sa passion de la châtaigne.

Ses premières plantations datent de 1976 sur des terres non mécanisables, situées entre 350 et 500 mètres d’altitude. Jean se lance dans la culture de la châtaigne « avec des arbres marcottés plutôt que greffés, j’ai choisi la variété Marigoule, un hybride japonais ». Il commence avec un demi- hectare, puis un et demi, pour finir par travailler sur quatre hectares et demi en 1994 et produire jusqu’à douze tonnes entre 2000 et 2010, sur des nouvelles terres mécanisables. Référent forestier et châtaigne de son territoire, il connait cette culture sur le bout des doigts, de la taille aux maladies, en passant par la pollinisation. Il a aussi été charpentier et connait bien le travail des pièces de bois. En 2011 est arrivé le cynips, un parasite du châtaignier, et en 2014 la production de Jean est réduite à néant. « On nous avait dit 5 à 8 ans de traitement et il a fallu 7 à 8 ans entre le gel et la sécheresse. » Mais Jean n’a jamais retrouvé ses rendements d’avant 2010.

Il évoque aussi la partie récolte, des mois intenses de labeur à l’automne. « La machine rejette les bogues vides et les feuilles, elle garde les châtaignes, les limaces, les pierres, les champignons, les morceaux de bois. Tout un tas de saletés qu’il faut trier. On vide tout dans l’eau, on ramasse ce qui flotte et après on fait un deuxième tri à la main. Puis le calibrage avec une autre machine qui sépare les petites, les moyennes et les grosses châtaignes. Mais les véreuses ne sont pas détectées, il faut les séparer manuellement et, malgré tout, en fin de saison, on en a jusqu’à 30 %. »

Dans les années 1970, tout le monde abandonnait la châtaigne et Jean se lance dedans la tête la première avec l’envie folle de refaire vivre « la civilisation du châtaignier, une vraie piste d’avenir avec une ressource locale très importante ». Pour la génération de ses parents et de ses grands-parents, la châtaigne était la ressource de base du territoire pour l’alimentation et pour le bois. « Si dans le coin il y a quelques maisons un peu bourgeoises, c’est grâce à la châtaigne ! »

« En saison, jusqu’à fin novembre ou début décembre, je suis comme les anciens, je mange des châtaignes tous les soirs ! Et comme ça j’en profite pour observer les évolutions, les pourritures, les véreuses, je ne peux pas m’en passer… mais je suis le seul qui le fait. »

Le changement climatique est ici bien perceptible, Jean avait froid aux doigts dans les années 1970 quand il ramassait les châtaignes, aujourd’hui, pendant la récolte, il a chaud et les fruits se conservent beaucoup moins bien.

« Les gens qui viennent en visite Entratz ont besoin de discuter pour voir les techniques de production, rencontrer quelqu’un du terroir. »

Vous l’aurez compris, Jean aime parler de la châtaigne, du fruit et de l’arbre, partager ses connaissances et sa sensibilité très fines de cette arboriculture. Il n’a pas eu l’occasion de transmettre sa passion à ses enfants qui ont choisi d’autres filières, mais il se fait un plaisir de la transmettre dans le cadre d’Entratz à tous les curieux et les curieuses.

Découvrir Entratz et les personnes qui l’animent par ici.

Un projet en partenariat avec l’Office de tourisme du Grand-Figeac, Vallées du Lot et du Célé.

Pour découvrir Entratz avec une habitante ou un habitant : • contactez l’Office de tourisme du Grand-Figeac : 05 65 34 06 25

Vous avez une visite insolite à faire découvrir :