Danse dense ce mois de février pour notre chorégraphe préférée qui n’a pas manqué d’activité le mois dernier ! Nous vous donnons des nouvelles régulières, histoire de ne pas en perdre une miette avant le rendez-vous de l’été les 4 et 5 juillet à Entraygues-sur-Truyère pour La Grande Confluence.
Le projet chorégraphique conduit par Julie Desprairies s’écrit au fil des rencontres, sans que personne ne s’en rende véritablement compte. Mais qu’est-ce donc qui se fabrique ici ?
De l’école du Nayrac à la réserve naturelle du Fel
A l’école du Nayrac, Julie pour le moins joueuse, propose un scenario aux enfants, elle leur permet de se glisser dans la peau de bandits de grand chemin. Sachant tisser à la perfection des relations avec chacun et chacune, elle leur apprend à se déplacer furtivement, à développer un langage de signes et à se fondre dans le décor, à danser en somme.
Avec Suzette et Jean-Louis, il n’y a rien à jouer, juste à être, c’est d’ailleurs le projet qu’elle leur confie. Si on avait dit à ce couple d’infirmiers qu’en créant une réserve naturelle régionale aux coteaux du Fel, à la retraite, se retrouverait à jouer son propre rôle dans un spectacle de danse, ils n’en auraient rien cru. Il y a vingt ans, le village du Fel et ses 186 habitants retrouve les restes d’un grand lézard qu’on n’arrive pas à identifier. Jean-Louis et Suzette commencent à investiguer et identifient un lézard ocellé, une espèce rare et menacée. Ils décident alors de s’engager dans la protection de la faune et de la flore locale. Pour ce faire en huit ans, ils créent une réserve naturelle régionale. L’initiative a ceci de singulier qu’elle est menée par deux particuliers qui se retrouvent emportés par la danse de Julie Desprairies pour ce qu’ils sont. A chaque visite, le couple rencontre Julie et Elise Ladoué, danseuse et assistante chorégraphique. Elles en apprennent un peu plus sur les espèces, les oiseaux et leurs chants que Suzette imite merveilleusement bien. Chaque voyage nourrit le spectacle de nouveaux sons ou gestes.
Danses et chants occitans
Dans Lo camin, professionnelles et amateurs danseront sur des chants occitans, cette évidence est apparue très tôt dans le processus. Pour ce faire, Julie et Elise ont rencontré les trente-trois choristes d’Au cœur des flots à Entraygues-sur-Truyère et Isabelle, cheffe de chœur déjà en quête du chant qui fera écho à la recherche. Dominique Monfraix, danseuse traditionnelle et Elise, quant à elles, ont commencé à esquisser une petite séquence entre danse contemporaine et danse traditionnelle qui viendra joliment colorer la création et faire écho à la culture du territoire aveyronnais.
Faire danser les gestes du travail
Le temps d’une lecture de paysage avec Delphine Durand, responsable urbanisme, patrimoine et culture à la communauté de communes Comtal Lot et Truyère et nous retrouvons Julie et Elise avec Roland Joffre, maire de Livinhac-le-Haut. Julie et Elise se mettent en écoute d’un amoureux de son territoire qui évoque avec délectation sa rencontre singulière avec Elias Guenoun, architecte de Vivre seule et la façon dont ce dernier a décalé son regard sur son environnement. Il évoque aussi sa conviction profonde de la place des arts en ruralité et la façon dont il la porte encore au sein de Decazeville communauté. Après une soirée chorégraphique studieuse avec Sybille Lesart venue rejoindre Elise et Julie pour leur transmettre les gestes du processus de ramassage des châtaignes, elles retrouvent Thierry Plenecassagne, artisan de Vivre seule pour clore la semaine. Les retrouvailles commencent par un repas où entre deux victuailles, Thierry raconte sa première rencontre avec Elias Guenoun et la façon dont l’architecte réussit à l’inviter à construire à partir de bois de charpentes et d’escalier de récupération une œuvre fidèle au processus constructif traditionnel tenon-mortaise. Thierry se lance sans hésiter dans l’aventure de Vivre seule, un projet trop rare dans une carrière d’artisan-charpentier pour qu’il se refuse au plaisir de croiser ses savoirs-faire traditionnels avec une architecture contemporaine. Julie et Elise s’invitent dans son atelier à Firmi où il leur montrera les gestes au travail pour réaliser Vivre seule, gestes que Julie ne manque pas de collecter.
Invitée par le département de l’Aveyron, l’Essieu du Batut à Murols et Derrière Le Hublot pour deux ans dans le cadre d’une résidence départementale en Aveyron, Julie Desprairies avance vers sa prochaine création en deux actes, Lo camin, une forme chorégraphique le long du Lot. La première partie verra le jour à La Grande Confluence à Entraygues-sur-Truyère les 4 et 5 juillet prochains et auquel nous vous invitons à nous retrouver. Nous la reverrons ensuite le long du GR® 65, du côté de Livinhac-le-Haut en 2026.
Calendrier et mise en œuvre
Quand ?
Des résidences régulières, quatre jours tous les deux mois environ :
- 7 au 10 octobre 2024
- 25 au 28 novembre 2024
- 11 au 14 février 2025
- 7 au 10 avril 2025
- 9 au 12 juin 2025
- 25 juin au 6 juillet 2025
Répétition générale jeudi 3 juillet à 18h30
- 4 & 5 juillet 2025 à 18h30 : Lo Camin – Festival La Grande Confluence – Entraygues-sur-Truyère
Avec qui ?
Julie Desprairies (chorégraphe), Elise Ladoué (assistante et danseuse), deux danseur·euses de la région, Melina Faka (plasticienne). Et plus de trente personnes liées au territoire aveyronnais et ses pratiques : créateurs et créatrices d’une réserve naturelle, écoliers et d’écolières, géologue, productrice de châtaignes, artisans, cavaliers et cavalières, drag queen… Également : danseurs, danseuses et musiciens, musiciennes des alentours.
Participants et participantes pressenties
- Suzette et Jean-Louis Rapin, créateurs de la Réserve naturelle du Fel
- Alexandre Benezet, éleveur de brebis et maire de Golinhac
- Anaïs Dumont, flûtiste engagée dans la construction d’un habitat troglodyte à St-Hippolyte
- Les enfants de la classe unique de l’école du Nayrac
- Didier Guérin, joueur de cabrette
- Dominique Monfraix, danseuse traditionnelle
- Delphine Durand, géologue
- Sibylle Lesart, danseuse et saisonnière dans une ferme de production de châtaignes
- Coco Damoiseau, drag queen originaire de Decazeville
- Un petit orchestre de circonstance mené par Jules Mommessin, co-responsable du Nid, le tiers-lieu du Fel
- Pieter Dijkstra et Thierry Plennecassagne, menuisier et charpentier en charge de la réalisation de Vivre seule, œuvre d’art refuge de Elias Guenoun à Livinhac-Le-Haut
- Luce Outters, jeune cavalière, accompagnée de son page, Robin Lyon
- La chorale d’Entraygues-sur-Truyère
Administration, production et diffusion : La Magnanerie – Victor Leclère, Anne Herrmann, Hortense Huyghues-Despointes, Debora Laufer, Margot Moroux.
Où ?
Sur le chemin de long du Lot, après la confluence avec la Truyère, à Entraygues-sur-Truyère
Comment ?
- Automne 2024 : Julie Desprairies et Elise Ladoué visitent les lieux, se documentent sur l’Aveyron, entament les ateliers avec l’école du Nayrac et des rencontres avec des personnalités du territoire.
- Hiver 2024-2025 : des temps de rencontres, travail, transmission sont organisés dans les espaces habités, pratiqués par ces personnes.
- Printemps 2025 : des répétitions sont organisées dans le lieu du spectacle final.
- 4 & 5 juillet 2025 : Lo Camin, chemin dansé le long du Lot par une trentaine de participants et participants pour le festival La Grande Confluence.
- Eté 2026 : Bivouac chorégraphique, création située et itinérante où le public suit le spectacle sur plusieurs jours.
Production
Compagnie des prairies
Coproductions et résidences : Derrière Le Hublot-Scène conventionnée art en territoire et L’Essieu du Batut – Atelier de fabrique artistique
Soutiens : ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles Occitanie via le programme « Mieux produire, mieux diffuser » et département de l’Aveyron
Partenaire de résidence : département de l’Aveyron
Biographies
Julie Desprairies, chorégraphe
Née en 1975, vit à Paris. Sa compagnie est basée à Lyon (Auvergne-Rhône-Alpes). Elle crée des projets chorégraphiques contextuels. S’appuyant sur une étude détaillée des sites et de la commande, elle écrit une « danse appliquée » qui implique souvent usagers et habitants. Ses créations sont d’envergures variables, pour un bâtiment, un quartier, une ville, une ferme, une forêt, un paysage. Elles prennent différentes formes : spectacles, films, expositions, émission de radio, performances. Il s’agit pour elle de « rendre visible le mouvement des lieux ». Julie Desprairies intervient régulièrement dans des écoles d’art, d’architecture, universités, séminaires et tables rondes traitant du rapport entre la danse et l’architecture, la danse et le cinéma ou bien la création impliquant des personnes extérieures au champ artistique.
Elise Ladoué, danseuse et assistante
Née en 1982, Élise Ladoué a suivi une formation classique puis contemporaine au Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Paris. Elle participe ensuite au projet Bocal, initié par Boris Charmatz en 2004 puis danse pour Julie Desprairies, Satchie Noro, Jean Guizerix et Wilfride Piollet, Mohammed Rouabhi, Danièle Desnoyers, le collectif La Dernière Tangente, Annabelle Pulcini… En 2014, elle retrouve Boris Charmatz pour la création et la tournée de Levée des conflits. Elle participe à la recréation par Catherine Legrand de Jours Étranges (2016) et So Schnell de Dominique Bagouet (2024). Elle danse dans la plupart des créations de la Compagnie des prairies depuis 2004 et assiste régulièrement Julie Desprairies.
Melina Faka, plasticienne
Grecque d’origine, elle vit à Lyon. Formée à la danse contemporaine (CDC Toulouse), puis à la création en espace public (Master-FAIAR Marseille), elle est diplômée en art à l’École des beaux-arts de Toulouse, et en design et scénographie à l’École des Beaux-Arts de Lyon. Durant plusieurs années elle a collaboré en tant que danseuse avec différents chorégraphes et metteurs en scène (J.M Matos, Marco Berrettini, Serge Noyelle, Anne le Batard et Jean Antoine Bigot d’Ex Nihilo…). Sa pratique mêle plusieurs disciplines (textile, objet, sculpture, vidéo, performance, installation). Son dernier projet, Ode, a été présenté aux Subs à Lyon. Sa prochaine création, Ostinato, une performance comestible, est accompagnée par Boom’Structur. Elle est costumière et scénographe pour la Compagnie des prairies depuis 2019.